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ASA PNE

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Association pour le Suivi de l’Aménagement Paris Nord – Est


PLU bioclimatique : contribution à la Conférence citoyenne

Publié par ASA PNE sur 16 Octobre 2020, 10:02am

Catégories : #Actualités, #Paris Nord Est, #PLU

Voici notre contribution à la Conférence citoyenne, préalable à la révision du Plan Local d'Urbanisme : 

Pour un Paris plus vert et moins dense où la santé environnementale sera au cœur de l'aménagement urbain 

Notre association dont l’action militante est de s’impliquer depuis plus de 10 ans dans l’élaboration des projets urbains de Paris Nord-Est (600 hectares, près de 20% du territoire parisien sur 3 arrondissements…) souhaite apporter sa contribution à la conférence citoyenne, préalable à la révision du Plan Local d’Urbanisme, que la Ville de Paris organise en ce début de mandature.

Notre texte s’articule autour de trois chapitres : notre constat, nos réflexions et préconisations pour un PLU bioclimatique, nos propositions sur Paris Nord-Est.

Notre constat :

Avec 15 m² d’espaces verts par habitant en incluant les bois de Boulogne et de Vincennes (moins de 6 m² sans les inclure), Paris est l’une des villes les moins vertes et la plus dense d’Europe, avec des disparités très importantes selon les arrondissements. Malgré les différents plans adoptés par la Ville ces dernières années pour faire face à l’enjeu environnemental (plan climat/énergie, plan biodiversité, plan de déplacements…), le règlement d’urbanisme de Paris repose sur un PLU daté de 2006 qui a subi plusieurs modifications depuis dont celle de 2016 favorisant dans l’ensemble une politique de surdensification de la ville.

La modification du PLU de 2016, conjuguée avec les effets de la loi ALUR (abandon du COS et de la taille minimale des parcelles), a fait entrer l’urbanisme parisien dans un cycle de sur densification permettant, par exemple, à près de 20% des parcelles de faire l’objet de surélévation. L’appel à projets de « Réinventer Paris » initié dès 2014 a eu également un impact non négligeable sur la densification de la ville.

Dans un contexte de dérèglement climatique auquel s’ajoute à présent une crise sanitaire sans précédent depuis 100 ans, il est nécessaire, comme il est écrit dans votre « Manifeste pour Paris » du 16 juin 2020, de ‘’changer radicalement notre manière de penser la ville : là où les espaces urbains se sont édifiés à l’opposé de la nature, nous devons au contraire retrouver des formes de symbioses entre l’urbain et la nature’’. Et puis, nous partageons également votre propos quand vous dites que ‘’les enjeux de dé densification seront au cœur des préoccupations de la prochaine mandature ».

A présent, il s’agit de s’entendre sur les moyens pour y parvenir et de mettre en place des dispositifs qui devront répondre à l’immense défi d’un nouveau modèle urbain.

Nos réflexions et préconisations pour un PLU bioclimatique :

Dans le cadre des élections municipales, nous avons milité avec d’autres pour une révision générale du règlement d’urbanisme en cours favorisant l’hyperdensification de Paris.

Pour la Conférence citoyenne, vous proposez cinq thèmes de réflexions dont ‘’ un environnement plus favorable à la santé (végétalisation et densité), moins exposé aux nuisances (bruit, pollution…) et une ville davantage résiliente et adaptée aux changements climatiques’’. Au regard de la crise sanitaire que nous traversons, nous estimons que la question de la santé environnementale devra être au cœur des décisions d’aménagement urbain. Plusieurs études indiquent que la crise sanitaire à laquelle nous sommes confrontés est en lien direct avec nos modes de vie où l’urbanisation de ces dernières décennies a une grande part de responsabilité : extension de l’habitat urbain, déforestation, artificialisation des sols…Ainsi, comme l’indique l’architecte Jacques Ferrier, ‘’notre modèle de ville doit être repensé’’. Quant à l’écologue Serge Morand, il alerte sur ‘’l’urbanisation galopante qui ronge chaque jour davantage les espaces naturels et contribue à la prolifération des épidémies’’.

Et comme lui, nous pensons qu’à l’instar des architectes, des paysagistes, des géographes, des sociologues…’’les acteurs de la santé publique soient davantage associés à l’urbanisme qu’ils ne le sont aujourd’hui’’.

A ce propos, nous rappelons l'engagement des Etats et des maires des 100 plus grandes villes du monde qui dans la déclaration de Shangaï de 2016 ont affirmé que la santé et le développement urbain durable étaient indissociables.

Nous pensons qu’il faut complètement reconsidérer la politique de développement de la ville où le bâti parisien représente 55% des gaz à effet de serre bien avant les transports (31%), le traitement des déchets (10%) et l’industrie (4%). Il faut donc agir sur deux leviers : dédensifier et végétaliser. Ce qui suppose que pour tout projet d’aménagement, il y a lieu de faire évoluer de façon significative le ratio des espaces verts/espaces publics par rapport aux surfaces bâties.

Ainsi pour toute nouvelle opération d’aménagement, nous demandons que le ratio d’espaces verts en pleine terre par rapport à l’emprise construite soit d’au moins 30% ou au minimum de 10 m² par habitant. Nous demandons également la création de coulées vertes urbaines nécessaires à l’abaissement des températures des îlots de chaleur en période de canicule.

Pour faire face au phénomène des îlots de chaleur urbains qui devient de plus en plus fréquent et intense, la place de la nature en ville doit être considérée comme un bien commun avec une valeur patrimoniale où le plein sol doit être sanctuarisé afin de lutter contre le réchauffement climatique et résoudre la crise de la biodiversité. Ainsi, la Ville de Paris doit intensifier une politique volontariste de création d’espaces verts et de protection des arbres. Sur plusieurs opérations, nous assistons encore trop souvent à des abatages d’arbres pour répondre à des logiques économiques d’urbanisation. Cela n’est plus possible dans une situation de dérèglement climatique.

Sur la place et l’organisation de la nature en ville, c’est défendre l’idée avec l’universitaire Catherine Larrère de ‘’penser le rapport à la nature en termes de relations que l’on peut avoir avec elle. Et pas seulement en termes d’effets que l’on peut en attendre. L’essentiel n’est pas ce que la ville enferme, c’est sa capacité à se laisser traverser. D’où l’importance des trames vertes et bleues qui ne sont pas des lieux où on importe une nature exotique mais qui permettent à la nature d’entrer et de sortir, aux bêtes et végétaux de bouger’’.

Dans la ville intra-muros, comme il est indiqué dans ‘’ le Manifeste pour Paris ’’, nous devons nous orienter vers ‘’un urbanisme de la sobriété’’ où au-delà de la ‘’conception bioclimatique des bâtiments’’ pour une meilleure efficacité énergétique et la diminution de l’empreinte carbone, la question de la réduction de la densité humaine est également un enjeu bioclimatique sur tout nouveau projet d’aménagement. Ainsi nous pensons que plusieurs projets en cours ou à l’étude doivent être réorientés sans attendre la révision effective du Plan Local d’Urbanisme qui n’interviendra pas avant fin 2023 !

Sur la question du logement, la politique en la matière ne peut plus se concevoir dans l’emprise stricte de Paris intra-muros ou uniquement à la marge. Avec la perspective d’une banlieue mieux desservie par les transports en commun, la solution dans les prochaines années se situe à l’échelle du Grand Paris où dans de nombreuses communes la densité y est encore faible. Ceci suppose que l’on doit s’interroger sur le cadre géographique du PLU de Paris qui ne permet pas encore d’aborder avec toute la pertinence voulue des problématiques qui se poseront de plus en plus au niveau de la métropole.

Enfin, le nouveau PLU devra mieux protéger le patrimoine urbain, architectural et naturel exceptionnel que nous avons à Paris. Pour ce faire, nous préconisons d’étendre le Plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) à des secteurs plus excentrés de la ville, notamment les quartiers faubouriens qui conservent encore de nombreux témoignages bâtis et corps de ferme du 19e siècle à préserver et à réhabiliter.

Nos propositions sur Paris Nord-Est :

Avec le potentiel des friches industrielles et ferroviaires, c’est aux limites de la capitale dans ‘’ le ruban spatial ’’ des portes de Paris que se concentrent la plupart des grands projets d’aménagement dont ceux de Paris Nord-Est entre les portes de Clignancourt et de la Villette.

Des projets qui ont la caractéristique de se situer sur des territoires très contraints par les infrastructures (périphérique, boulevard des maréchaux, faisceaux ferroviaires…) et particulièrement exposés aux pollutions de l’air et du bruit.

Si ces secteurs des portes doivent être réhabilités et reconstruits pour en faire de nouveaux pôles de centralité dans la perspective du Grand Paris, nous devons être très vigilants sur la façon de penser et d’aménager la ville à ces endroits. Avec des qualités urbaines et architecturales reconnues, les projets livrés dans le 19e de Claude-Bernard et de Macdonald ou en cours de livraison comme Chapelle International dans le 18e frappent par leur forte empreinte minérale et densité d’habitat. Sur ces secteurs, le pourcentage d’espaces verts sur l’emprise construite est respectivement de 13% pour l’ensemble Claude-Bernard/Macdonald et de 16% pour Chapelle International. Bien loin des fameux 30% recommandés par l’OMS et le Schéma Directeur Régional d’Île de France (SDRIF) !    

Ainsi dans un périmètre compris entre le secteur Poissonniers et la porte de d’Aubervilliers, ce ne sont pas moins de six ou sept nouvelles opérations d’aménagement qui sont en cours ou à l’étude (Chapelle Charbon, Gare des Mines/Fillettes, Gare Dubois et Campus Condorcet, Gare Hébert, Ordener-Poissonniers, Belliard) auxquelles il faut ajouter le projet de transformation de la porte de la Chapelle annoncée par Madame Anne Hidalgo en janvier 2020.

Pour tenir compte de la nouvelle donne sanitaire et environnementale, mieux préserver la place de la nature et lutter contre la surdensification, nous demandons que, sans attendre la révision effective du PLU, les opérations d’aménagement suivantes soient réexaminées et réorientées en concertation avec les acteurs locaux :

.Porte de la Chapelle : dans le cadre du projet de transformation de la porte, il faut prévoir le réaménagement des contre-allées entre la porte et le rond-point de la Chapelle, notamment du 61 au 75 rue de la Chapelle par des espaces végétalisés supprimant ainsi l’accès à la circulation et aux mésusages qui s’y rapportent.

.ZAC Chapelle Charbon : dédensifier le volet urbain d’une centaine de logements.

.ZAC Gare des Mines/fillettes : reconsidérer le parti d’aménagement (hors Arena 2) en matière de densité, immeuble-pont, gabarit du bâti, espaces verts/espaces publics, protection des arbres…

.Gare Hébert : reconsidérer les phases 2,3 et 4 du projet en termes de densité, programmation, réévaluation des espaces verts/espaces publics…    

.Ordener-Poissonniers : dédensifier d’une centaine de logements au profit d’espaces verts/publics plus généreux sans remettre en cause l’architecture du projet (réhabilitation du patrimoine ferroviaire, activités économiques et culturelles).

.Site Belliard : Revoir le projet dans sa programmation afin de le rendre moins minéral et plus ouvert sur le quartier

.Gare Dubois : lancer la concertation du projet pour associer les acteurs locaux aux études urbaines en cours dans une démarche de co-conception.

Les enjeux de la crise sanitaire et environnementale sont tels que nous devons changer de paradigme en matière d’urbanisme. Selon le paysagiste Nicolas Bonnenfant ‘’la ville vraiment durable se doit d’être frugale, verdoyante, aérée, pour amortir les crises climatiques ou pandémiques, et offrir à ses habitants un cadre généreux et rassurant’’. Cela suppose que les habitants et usagers des territoires soient plus associés aux décisions qui ne le sont aujourd’hui par l’application d’un véritable processus de « démocratie participative ».

A suivre, le texte de la contribution d'ASA PNE en version PDF, par le lien de la plateforme ''idée.paris.fr'' et l'interview d'Emmanuel Grégoire, 1er adjoint à la Maire de Paris chargé de l'urbanisme sur le PLU bioclimatique (blog Demain la ville).

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J
Parfaitement clair.
Répondre
A
Merci !

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