La situation autour de la porte de La Chapelle se dégrade à la vitesse grand V !
Depuis le début de l'année la pression monte fortement à proximité du centre de pré-accueil pour migrants car, au fil des semaines, des groupes de réfugiés se sont installés formant ici ou là dans l'insalubrité la plus complète des campements sauvages devant le centre même, sur le terre-plein central du boulevard Ney et sous l'échangeur. Aujourd'hui, c'est plus de 800 migrants qui seraient installés dans le secteur de la porte de La Chapelle !
Cour des miracles et violents affrontements entre communautés
Sur zone, c'est le spectacle permanent d'une cour des miracles, terrain de chasse des passeurs exploitant la misère, avec le va et vient perpétuel d'associations dites ''humanitaires'', confessionnelles pour certaines, de la mouvance ''no borders'' pour la plupart, agissant pour les distributions alimentaires en dehors de tout cadre légal, défiant ainsi l'état de droit malgré la présence policière pour tenter de faire bonne figure et rassurer des riverains fatalistes et désabusés ! A cela s'ajoute un phénomène qui n'a pas été suffisamment anticipé, celui de tensions communautaires particulièrement fortes, notamment entre afghans et soudanais, dont le point d'orgue a été une rixe très violente au abords du centre dans la soirée du 13 avril, faisant plusieurs blessés, sous le regard consterné des riverains et usagers automobilistes. Une situation critique entraînant d'autres répercussions, notamment auprès des habitants bien sûr mais également auprès de publics précaires à l'instar des usagers de drogues dont la structure, le CAARUD (Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour les Usagers de Drogues), est installé à côté du centre humanitaire. Depuis plusieurs mois déjà, l'association Charonne, gestionnaire du CAARUD, tire la sonnette d'alarme et alerte, en vain, les pouvoirs publics d'Etat et municipaux ainsi que son autorité de tutelle sur tous les incidents et désordres observés aux conséquences graves en termes d'insécurité, de détériorations, de conditions d'hygiène et sanitaires que les usagers de drogues subissent au quotidien. Ce que nous redoutions dès l'annonce en septembre 2016 du projet de centre d'accueil pour migrants sur l'emprise Dubois se vérifie malheureusement au niveau du terrain. Si le travail remarquable réalisé par les équipes et bénévoles d'EMMAÜS Solidarité à l'intérieur du centre de la porte de La Chapelle n'est pas en cause, il faut admettre que la structure là où elle se situe entraîne des désordres sur un territoire déjà très éprouvé par la présence de plusieurs populations en grande difficulté. Par une note du 15 septembre adressée à la Maire de Paris et au Maire du 18e, nous exprimions nos plus vives réserves ''sur le choix du lieu d'implantation du centre d'accueil dans un environnement urbain déjà confronté à de nombreuses situations de précarité".
Un comité de suivi qui ne répond pas à l'objectif qui lui a été assigné
A notre demande, un comité de suivi a été mis en place pour mesurer l'impact du centre d'accueil sur son environnement. Celui-ci s'est réuni deux fois (les 5 janvier et 30 mars 2017) depuis l'ouverture du centre le 10 novembre 2016. La réunion du 30 mars a été un échec par la faible représentation des riverains, l'absence d'élus du 18e, des services de la Ville (Propreté, Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection) et de représentants de la Préfecture de police, empêchant toute décision concrète sur des solutions à envisager. Un comité est prévu fin juin, qu'il faudra peut-être anticiper vu les circonstances...Notre participation à ce rendez-vous est conditionné par une implication plus forte de la Mairie qui semble laisser à EMMAÜS seul le soin d'organiser et de mener les réunions. Sur ce sujet, C'est à la Mairie en lien avec la Préfecture de police d'assumer pleinement ses responsabilités en matière de sécurité et de salubrité publique autour du centre. C'est dans cet esprit que le comité de suivi a été imaginé et accepté lors de sa création à l'automne dernier.
Aujourd'hui, il s'avère que le centre de pré-accueil prévu jusqu'au printemps 2018 n'est pas en capacité d'absorber la totalité du flux de migrants qui se présente à sa porte. Alors, nous en appelons instamment aux pouvoirs publics afin que la régulation des personnes migrantes s'organise à l'amont et à l'aval des parcours de prise en charge. Sinon, la situation "d'état d'urgence" que connaît le secteur de la porte de La Chapelle ne fera que se détériorer avec le spectre d'un nouveau "Calais" mettant en péril les projets de requalification urbaine en cours et à venir.
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A suivre : diaporama, articles de presse et reportages.
Photos ASA PNE / Association Charonne - Avril 2017
"A La Chapelle" : article du magazine Society - Avril/Mai 2017.
Une bagarre généralisée a éclaté au centre d'accueil des migrants Porte de la Chapelle à Paris jeudi soir dernier. Une vingtaine de migrants a été blessée. Un jeune homme, frappé à coups...
Reportage France 3 Paris Ile de France - 15 avril 2017.